Archives Avril-Mai 2018


Inauguration et cocktail dinatoire aux Hauts de Loire

En cette fin d'après-midi du 30 mai 2018 je suis aux Hauts de Loire avec mon épouse, pour répondre positivement à l'invitation lancée quelques semaines auparavant par Jean-Philippe Cartier, le président du groupe H8. L'objet de cette petite fête agrémentée d'un cocktail dinatoire piloté par Rémy Giraud et son équipe, c'est l'officialisation des nouveautés du Domaine, à savoir un Spa et bien sûr le Bistrot, ouvert depuis le 6 avril 2018, que j'ai testé le lendemain. Bien sûr, il y a du beau linge à cette réception, des politiques locaux, une personnalité du show-bizz, Gérard Louvin, qui sera chahuté par JP Cartier, les Delord sans leur "panda", un chef étoilé bien connu médiatiquement, et bien sûr, le principal, la clientèle qui fréquente habituellement ces lieux.

L'ambiance n'est pas guindée et le cocktail dinatoire, avec Rémy Giraud pour le concevoir, est de très grande qualité, à la hauteur de la réputation culinaire des lieux. Seul gros bémol dans toutes ces petites gâteries, la présence d’huîtres triploïdes. Mais Rémy Giraud m'a confié que dans les semaines à venir, un célèbre producteur de ces huîtres dites des 4 saisons, va avoir des surprises au niveau du Collège Culinaire de France ...

Bref, au fil des rencontres et des échanges, nous avons passé une très agréable fin d'après-midi, résumée en images dans le diaporama ci-dessous.

Les Hauts de Loire

Propriétaire : Jean-Philippe CARTIER - Chef : Rémy GIRAUD - Pâtissier : Cédric NOËL

41150 ONZAIN

Tél. : 02 54 20 72 57

Email : hauts-loire@relaischateaux.com ou reservation@domainehautsloire.com

Site web : www.domainehautsdeloire.com


L'Ascalier, mais faites le détour par Brou !

Petite commune d'un peu plus de 3500 âmes, Brou est située à l'extrême sud-ouest de l'Eure-et-Loire, à l'écart des principaux axes touristiques. Pourtant, avec cet Ascalier millésimé Bib gourmand 2000, ce bourg mériterait que les utilisateurs de la N10 ou de l'A11 s'en échappent au moins sur le coup de midi. Aux commandes, un jeune couple de professionnels, Laëtitia et Christophe Pineau. Si au premier abord, madame peut paraître un peu speed et réservée, on comprend très vite que le fait d'être seule en salle pour assurer un service de 26 couverts n'y est peut-être pas étranger. Mais avec quelques notes d'humour, le courant du dialogue passe et rompt la glace.  

Le Bib gourmand, selon les critères du Michelin 2018, est une distinction accordée pour un moment de gourmandise à moins de 33 € 00 aux restaurants de province. A l'Ascalier, ce menu est à 30 € 00 et à ce tarif, on bénéficie non pas de 3 plats, mais de quatre, avec un service fromager en plus. Son contenu est des plus intéressants comme en témoigne celui proposé ce 24 mai 2018. A son programme, un choix de 4 entrées, 2 poissons, 4 viandes et 4 desserts. J'aurais très bien pu, compte tenu de ses alléchantes propositions, me concocter le menu suivant : Ravioles d'andouille du Perche au coulis de Brie de Meaux, voire une Charlottine d'asperges, émulsion de magret fumé des Belvindières, suivie par une Infusion de coquillages, herbes fraîches et fondant de cabillaud ou pourquoi pas une Fricassée de ris d'agneau à l'ail des ours, choisir ensuite quelques fromages sur le plateau et enfin clore mes agapes par un Pain perdu et sa marmelade tiède aux pommes, cannelle et Calvados, voir un Sablé aux fraises françaises, crème pistache. Et bien non ! J'ai préféré m'en remettre au contenu du menu Ascalier à 22 € 00. Celui-ci en effet m'est apparu encore plus attractif, avec un large choix (4 entrées, de 4 plats, fromage et 4 desserts !).

Je commence mon repas avec un très bon Pâté de tête de cochon maison, agrémenté d'un mesclun impeccablement assaisonné. Pascale prend l'entrée du jour, une Cassolette de pétoncles aux asperges qu'elle valide sans retenue. Je poursuis avec un Dos de cabillaud à la printanière. Le poisson est épais et bien cuit, les pommes de terre sont bien rissolées et la petite verdure de salade complète agréablement la garniture printanière. Pour mon épouse, c'est une Poitrine de porc fraîche sauce béarnaise, avec une viande tendre et goûteuse, escortée par une étonnante mais très bonne sauce béarnaise (qu'on attend plus sur un poisson). Rare sont les restaurants qui, dans leurs suggestions fromagères proposent du Fromage blanc en faisselle et de la Fromagée (spécialité crémière obtenue par coagulation du lait et égouttage du caillé ainsi obtenu). Comme il n'est pas question de rater ces spécialités, nous les choisissons toutes les deux. La Faisselle sera pour moi, nature, sans sel ni sucre, et la Fromagée pour Pascale. J'attendais de voir pour les desserts car les cinq dévoilés sur le site de l'Ascalier me paraissaient des plus attirants, notamment "sa" Forêt noire. Hélas, comme la plupart des indications fournis par cet outil informatique, désormais incontournable, aucun n'était inscrit sur le document idoine qui nous a été remis. Le dessert du jour est un Nougat glacé aux fruits rouges, il a été préempté illico par mon épouse dès sa déclinaison par Laëtitia Pineau. A voir sa mine réjouie à sa dégustation, je comprends que son choix était bon. Quand j'ai vu qu'il y avait des Œufs fermiers au lait à la vanille, mes papilles se sont agitées. Après les avoir mangés, ainsi que sa cigarette maison, elles avaient bien raison ! Je me dis que pour 22 € 00, le contenu de notre déjeuner est déjà pas mal et plus que satisfaisant. Eh bien, ce n'était pas fini avec l'arrivée de deux mignardises, une Mousse de fruits rouges et un Rocher à la noix de coco qui n'ont fait qu'un coucher de soleil dans leur assiette de présentation. 

Avec, pour accompagner ce déjeuner une demi bouteille d'un très bon Cheverny tradition rouge 2016 de Philippe Sauger, digne continuateur de l'œuvre vinicole de son père Marcel, composé de 70 % de pinot noir, 25 % de gamay et 5 % de côt, nous n'avons au final déboursé pour deux que 56 € 50, une très honnête dépense compte tenu de la grande qualité de la prestation qui nous a été servie, et encore, avec seulement un pichet de vin de 25 cl rouge ou rosé à 3 € 50, le rapport qualité/prix aurait été alors proche de l’exceptionnel. La distinction que Michelin accorde à cette étape gourmande est donc tout à fait méritée.

L'Ascalier

Laëtitia & Christophe PINEAU

9 place du Dauphin

28160 BROU

Tél. : 02 37 96 05 52

Email : lascalier@wanadoo.fr

Site web : www.lascalier.com


L'abbaye de Jumièges, une des plus admirables ruines de l'hexagone

Ses tours blanches s’élèvent à presque 50 mètres du sol. On les découvre au fond d’une boucle de la Seine et elles suscitent toujours la surprise et l’admiration du visiteur. Sa destruction, au XIXe siècle, lui a valu le nom de "plus belle ruine de France" ainsi que l’image d’un site à ciel ouvert fortement marqué de romantisme.

L’abbaye de Jumièges est un des plus anciens et des plus importants monastères bénédictins de Normandie. Si à ce jour aucun vestige de l’époque de sa fondation au VIIème siècle n’a pu être identifié, de récentes fouilles sur l’église Saint Pierre ont permis de dater sa construction de la fin du VIIIème, faisant de cet édifice un témoignage unique d’église chrétienne Carolingienne. Cet intérêt archéologique ne retire rien à l’émotion suscitée par la visite de l’abbatiale Notre-Dame, fleuron de l’architecture romane normande.

Dans le souci de garder toute son authenticité au monument, la reconstruction de Jumièges n’a pas été envisagée. Des travaux de consolidation et de protection des maçonneries sont toutefois régulièrement programmés pour préserver autant qu’il est possible ses structures et son décor, mais aussi pour assurer la sécurité de ses visiteurs.

Fondée vers 654 par Saint Philibert, l’abbaye applique dès ses débuts la règle de saint Benoît et connaît un essor très rapide. Dès 841, elle est dévastée par les Vikings dont les raids obligent les moines à abandonner le site pendant presque 10 ans. Après la création du duché de Normandie, Guillaume Longue Epée, second duc, favorisera sa renaissance. Elle ne retrouve vraiment la prospérité de ses origines qu’au XIème siècle qui voit la reconstruction de l’abbatiale Notre-Dame inaugurée par Guillaume le Conquérant en 1067.

Charles VII y loge en 1450 et y reçoit Agnès Sorel, morte à Jumièges cette même année. Charles IX y vient en 1563. Les mauristes engageront des travaux significatifs aux XVIIème et XVIIIème siècles. Après le départ des derniers moines en 1790, les bâtiments seront vendus comme bien national et serviront de carrière de pierre de 1796 à 1824. Les ruines seront ensuite entretenues grâce au rachat en 1853 par la famille Lepel-Cointet, puis par l’Etat en 1946.

L’abbaye de Jumièges est devenue propriété du Département de Seine-Maritime en 2007.

Abbaye de Jumièges

24 rue Guillaume le Conquérant

76480 JUMIÈGES

Tél. : 02 35 37 24 02

Fax : 02 35 37 34 24

Email : abbaye-de-jumieges@seinemaritime.fr

Site web : www.abbayedejumieges.fr

Ouverte tous les jours :

- de 9 h 30 à 13 h 00 et de 14 h 30 à 17 h 3 0 du 16 septembre au 14 avril

- de 9 h 30 à 18 h 30 du 15 avril au 15 septembre


Un peu de tourisme curieux à Rouen

"Amis ! c’est donc Rouen, la ville aux vieilles rues,

Aux vieilles tours, débris des races disparues

La ville aux cent clochers carillonnant dans l’air

Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles

Dont le front hérissé de flèches et d’aiguilles

Déchire incessamment les brumes de la mer"

 

C'est avec ce poème que Victor Hugo a contribué à la légende des 100 clochers de Rouen. Info ou intox ? Il semblerait quand même que le prolixe écrivain ne soit pas si loin de ça de la vérité. En effet, avant la Révolution, Rouen comptabilisait 36 paroisses intra-muros et 27 couvents. Ainsi, le chiffre de 150 clochers pourrait même être plus proche de la vérité. Reste qu'après les épisodes de la Révolution, des bombardements de 1944 et les méfaits de l'évolution urbaine, on soit plus proches aujourd'hui de 29 édifices religieux restant. En attendant, ne comptez pas sur l'Office de Tourisme de Rouen pour vous donner la solution, puisque deux des hôtesses et hôtes d'accueil questionné à ce propos par mézigue ont littéralement séché et m'ont renvoyé vers Wikipédia !

Comme il n'était pas question pour nous d'entreprendre un marathon de la recherche de ces édifices religieux, nous nous sommes limités à quatre d'entre eux.

L'édifice immanquable, c'est bien sûr la cathédrale Notre-Dame située bien sûr sur la place de la Cathédrale, et ça tombait bien, juste en face de notre hôtel ! C'est un des summums de l'art gothique français que Monet a éternisé sur une trentaine de ses toiles. La richesse de son décor sculpté et sa flèche d'Alavoine en fonte (en phase de restauration jusqu'en 2022) sont notamment impressionnants. A l'intérieur se tient une exposition photographique qui permet de comprendre l'immense et complexe travail de restauration entrepris depuis qu'un déluge de bombes déversées durant la semaine rouge du 30 mai au 5 juin 1944 l'ait sérieusement endommagée. Le livre "Rouen la cathédrale retrouvée"* retrace cette période de 1940 à 1956. 

 

* Ouvrage paru aux éditions Point de vues, 57 rue Victor Hugo 76000 ROUEN - Tél. : 02 35 89 46 54

Quatre autres édifices religieux méritent également une attention. Tout d'abord, l'église Saint-Maclou, très représentative du style gothique flamboyant, avec son grand portail à 5 porches disposées en éventail et ornés de magnifiques portes sculptées de l'époque Renaissance. Ensuite, il ne faut pas négliger l'abbatiale Saint-Ouen, un édifice aux proportions majestueuses (137 m de long et 33 m de hauteur), pour son style gothique et son imposant buffet d'orgues datant de 1630. Un petit détour par le Temple Saint-Eloi, autrefois église, permettra d’admirer Pour finir, l'église Saint-Romain, patron de Rouen, et ses vitraux renaissance méritent le détour. Attention toutefois pour tous ces bâtiments, à prendre en compte leurs horaires d'ouvertures, ceux-ci ne sont pas coordonnés entre eux pour permettre une visite en continue sur une matinée, ce qui nous est hélas arrivé. C'est la raison pour laquelle, pour certains édifices il n'y a pas de photo intérieure.

Un autre ensemble architectural situé dans le Vieux Rouen gagne également à être visité, en l'occurrence celui du Gros Horloge. Ouvert à la visite (une heure environ) seulement depuis 2007, il vous en coûtera 7 € 00  par personne, mais la dépense en vaut la peine, contrairement à ma première impression. Son beffroi abrite les cloches de la ville et l'un des plus anciens mécanismes d’horlogerie d'Europe. L'édifice enjambe la rue avec une arcade surbaissée et sa voûte est ornée d'une scène sculptée. Au premier étage, on dispose d'une vue imprenable sur la fameuse horloge dont on peut admirer son cadran avec à sa base une fenêtre qui fait défiler un semainier dont le décor change à midi pile. Cerise sur le gâteau, le sommet de la tour offre un superbe panorama circulaire sur la ville de Rouen.

En dehors des édifices précédents, la visite du Vieux Rouen permet la découverte d'autres trésors du riche patrimoine de cette ville. Au gré de ses déplacements, on peut voir la place du Vieux Marché où fut brûlé vive Jeanne d'Arc*, la Tour Jeanne d'Arc, seul vestige du château érigé au 13ème siècle, la rue Saint-Romain et ses belles maisons à colombages des 15, 16, 17 et 18èmes siècles, le superbe Palais de Justice, en cours de restauration, avec sa façade du 16ème siècle, bien sûr la rue du Gros Horloge, 'axe principal pour aller de la Cathédrale au Vieux Marché, dans laquelle il n'est pas nécessaire de faire de haltes gourmandes chez deux pièges à touristes (Cf. diaporama), et l'Hôtel de Bourgtheroulde (prononcé Boutroude), sis rue de la Pucelle, dont le style est un mélange de gothique et de renaissance. Sa cour intérieure mérite de franchir son porche d'entrée pour découvrir deux ensembles sculptés de haute valeur artistique et historique, avec le Triomphe de Pétrarque et la rencontre de François 1er et Henri VIII, autrement dit l'épisode du Drap d'or.  

 

Selon une légende humoristique dont je ne connais pas l'origine et la réalité, Jeanne d'Arc aurait déclaré sur le bûcher : "Vous ne m'avez pas crû, vous m'aurez cuite …"

Office de Tourisme

25 Place de la Cathédrale 

76000 ROUEN

Tél. : 02 32 08 32 40

Email : accueil@rouentourisme.com

Site web : www.rouentourisme.com

Ouvert tous jours de 9 h 00 à 19 h 00, sauf le dimanche, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 18 h 00


La Couronne et son "Véritable Canard à la Rouennaise à la Presse"

Un parchemin consigne des paiements de rente de Raoul Leprévost (le propriétaire d'alors) remontant à 1345, ce qui ferait de La Couronne la plus vieille auberge de France. Et si au lieu d'y être assis ce 23 mai 2018 pour découvrir le spectacle de la rituelle préparation du Canard à la rouennaise nous y avions été le 30 mai 1431, nous aurions assisté au supplice de Jeanne d'Arc. En effet, la "pucelle de Domrémy" est morte brûlée vive ce jour-là sur cette place du Vieux Marché de Rouen !

Si ces références historiques ont largement contribué à la renommée de La Couronne, sa réputation gastronomique par contre s'est forgée au début des années 1920 grâce aux frères Dorin, Marcel en cuisine et Lucien en salle. Cette table fera d'ailleurs parti de la première fournée des 23 restaurants ayant obtenu trois étoiles Michelin, distinction créée en 1933, que La Couronne ne gardera hélas qu'une seule année. Il faut aussi avouer que Marcel Dorin entre temps s'était installé à Paris dans les cuisines du Bœuf à la mode (un restaurant dont l'histoire culinaire s'est arrêté en 1936) et ensuite à la Truite, près du faubourg Saint-Honoré. La carrière étoilée de La Couronne s'est éteinte en 1983 avec la perte de la dernière qui restait encore accrochée à son passé culinaire. Dixit les guides rouges de l'époque, l'une de ses trois spécialités est le Caneton à la rouennaise servi dans un "Beau décor normand". C'est cette spécialité qui m'a été chaudement recommandé par un ami cuisinier, dont le rituel de sa préparation 

Aujourd'hui, le cadre de La Couronne est toujours dans son jus, avec sur les murs de l'escalier qui mène au 1er étage, ainsi que sur pratiquement tous ceux de l'établissement, des photos dédicacées de célébrités nationales et internationales. C'est certes kitsch, mais pour les nostalgiques, on voyage ainsi dans le temps. Par contre, il a perdu de sa magnificence avec une moquette panthère vieillissante et, à notre table, une nappe trouée en trois endroits, dont l'un d'entre eux était judicieusement masqué par une petite assiette de présentation. Mais on vient en ces lieux, pas que pour le luxe surannée de son décor, mais certainement pour certaines de ses spécialités, dont le fameux Canard à la rouennaise qui, selon un très bon ami gastronomade de Julien Perraudin, serait le meilleur de Rouen (il y a encore 3 ou 4 établissements à Rouen qui le proposent).

Lors de ma réservation, j'avais pris la sage précaution de préciser que nous prendrions le Canard à la rouennaise. Ainsi, Laurent Bachelet, un des serveurs intronisé "Maître canardier" le 30 novembre 2017, qui a succédé dans cet office à Jean-François Koeberlé et Dominique Baucour, a pu nous présenter quelques instants après notre arrivée à table le palmipède préalablement coloré à la salamandre en cuisine et à commencer la délicate opération de sa découpe.

Le canard étouffé pour le rite culinaire de ce 23 mai 2018 n'est pas un duclair comme le voulait la tradition qui a donné naissance à cette recette. C'est un croisement de colvert et de pékinLaurent Bachelet commence ensuite la découpe méticuleuse de ce volatile pour en extraire d'abord les cuisses et les ailes qui partiront en cuisine pour alimenter le second service, et les les filets qu'il va tailler en goujonnette et cuisiner en direct. A la fin de cet exercice qui nécessite habileté et talent, ainsi que  l'adoubement par l'Ordre des  canardiers, il ne reste plus que la carcasse. Celle-ci est alors partagée en plusieurs morceaux qui sont installés dans la presse à canard en argent massif.  La suite du déroulé, je vous invite à la découvrir dans la vidéo ci-dessous.

En attendant le premier service de notre canard, nous est servi un Tartare d'artichauts et gaspacho de tomates. On a plus affaire à une sorte de mousse, à a couleur verdâtre qui n'est pas très engageante. Gustativement, c'est très moyen, mais cela nous permet au moins de patienter pendant que Laurent Bachelet continue son oeuvre. Vingt minutes plus tard, il nous sert nos aiguillettes. La portion est copieuse, la viande est très tendre et la sauce est une véritable tuerie. Par contre, l'accompagnement légumier, pommes dauphines, betterave chiogga, asperge verte et tomate est plutôt banal, sans beaucoup d'originalité et de cohérence avec la viande, dommage. Tradition normande oblige, que je n'apprécie guère, avec l'arrivée un Trou normand dans les mains de Thomas Margueritte. Je fais contre mauvaise fortune bon cœur et je l'absorbe. Nous n’attendrons pas très longtemps le second service de notre canard, en l'occurrence ses Cuisses et ses ailes moutardées et panées. Je dois avouer que suis très agréablement surpris par cette préparation que j'appréhendais et qui passe au final comme une lettre à la poste.

Ma dernière expérience d'un Soufflé qui s'essouffle, et nécessite donc une attente supplémentaire de 30/45 minutes, remonte à une trentaine d’année, au restaurant parisien Chez Michel, alors 2 étoiles.  Ce 23 mai 2018, La Couronne, m'en offre une seconde ! J'ai attendu à peu près 3/4 d'heure sa seconde arrivée ... qui en valait la peine, car de visu, ce dessert est magnifique, avec son quartier de pomme dressé en plein milieu. Et la dégustation confirme son aspect. Pascale a fait le choix d'une autre spécialité de la maison, sa Tarte fine aux pommes, crème anglaise vanillée, impeccable et savoureuse. Il me reste encore un peu place pour faire un sort aux 4 mignardises dont le détail ne nous a pas été donné.J'ai cru reconnaître, SGDG, un Moelleux chocolat, un Financier, un Caramel au beurre salé et un Pavé rouennais

La carte des vins est comme le décor de la Couronne, grandiloquente et surannée. On y trouve des vins présentés sous des dénominations d'un autre siècle  à l'exemple des "Grands Champagnes", des vignerons sélectionnés et des nombreuses ratures pour rectifier l'absence ou le changement de millésime. Pas mieux du côté du matériel qui sert à présenter la spécialité, le Véritable Canard à la Rouennaise à la presse, avec une table branlante, une planche à découper en polyéthylène (c'est vrai que c'est mieux pour hygiène !), une presse en argent rafistolée (rond de polyéthylène qui remplace celui en métal) et le réchaud Bartscher qu'on trouve pour 20 € 00 ht chez Ecotel. Enfin, les maîtres canardiers précédents, comme celui en photo dans le diaporama, procédaient au rituel du Canard en costume et médaillon, une tradition qui s'est apparemment envolée avec leurs départs. Cela sent la fin de siècle et pourtant, nous n'en sommes qu'au début ! Dommage, car avec un peu de reprise en main des défauts constatés, cette table pourrait envisager mieux.

La Couronne

Propriétaires : Darwin, Jean-Dominique & Prudence CAUVIN - Chef : Vincent TAILLEFER

Maîtres canardiers : Laurent BACHELET et Thomas MARGUERITTE

31 place du Vieux Marché

76000 ROUEN

Tél. : 02 35 71 40 90

Email : contact@lacouronne.com.fr

Site web : www.lacouronne.com.fr

Ouvert tous les jours


Dormir au Cardinal

Cet hôtel est situé dans un quartier piétonnier du Rouen historique et touristique. Heureusement, il est possible d'y accéder avec son véhicule pour décharger ses bagages. Par contre, niveau stationnement, il vous faudra parcourir un peu plus de 200 mètres pour trouver une place parmi les 427 disponibles du parking de la place de la Haute Vieille Tour, soit à l'air libre, soit en sous-sol. Il vous en coûtera 15 € 00 pour 24 heures. Le Cardinal est abrité dans un bâtiment reconstruit après les intenses bombardements de 1944 et propose 15 chambres dont toutes une vue sur la Cathédrale Notre-Dame. Elles ont bénéficié récemment de travaux de restructuration, notamment au niveau phonique. Toutes sont équipées d'un lit 160 X 200. Nous étions logé dans la chambre N°15 implantée au 3ème étage avec ascenseur. Pour une nuit, la tarif est de 98 € 00, un prix un peu cher pour un établissement classé 2 étoiles de tourisme. Mais c'est vrai que cet hôtel est tout proche de la rue du Gros Horloge, un axe piétonnier qui permet un accès direct et rapide au vieux Rouen. Le petit déjeuner à 10 € 00 se présente sous la forme d'un buffet bien garni, suffisant pour une restauration matinale. 

Hôtel Le Cardinal

Propriétaire : Hervé WAROQUET

1 place de la Cathédrale

76000 ROUEN

Tél. : 02 35 70 24 42

Email : info@cardinal-hotel.fr

Site web : www.cardinal-hotel.fr


Toutes les bières de la planète … ou presque, sont à la Boîte à Bières !

C'est l'un des endroits branchés de Rouen où se retrouvent depuis plus de 25 ans une clientèle, constitué d'une majorité de jeunes, qui aime bien la bière de fermentation haute mais aussi une atmosphère conviviale. Pour celle qui préfère la bière pression, cette maison en propose 16, avec notamment la Kwak, la Karmelet triple et la Guinness Draught. Afin de raviver l'offre, six d'entre elles sont renouvelées régulièrement. Si vous penchez plutôt du côté des bières bouteilles, les meilleures selon les spécialistes, 300 sont disponibles et vous feront voyager sur pratiquement toute la planète. Au programme de ce circuit brassicole, l'Allemagne et son Aventinus brune de 12° (6€80), l'Australie, l'Autriche et sa Samichlauss brune de 14° (7€10), la Belgique, qui propose un beau panel de blondes, d'ambrées, de brunes et de blanches, parmi lesquelles on trouve la Corne du bois des pendus, une triple blonde très houblonnée à 10° (5€30), l'ambrée Vapeur cochonne de 75 cl et ses (9€80), la brune Mc Chouffe à , la Trappiste Westmalle, une double brune (5€00), sans oublier la Quintine, une simple blonde qui m'évoque la fin du Bottin Gourmand (6€60), le Canada, la Chine, le Danemark, l'Ecosse et ses 9 spécialités, l'Espagne, les Etats-Unis, bien sûr la France, avec pas mal de bières artisanales, dont plusieurs de Basse et Haute Normandie, avec une Kékette Bien m'Ambrée de 6°9 (5€20) élaborée par la brasserie éponyme à Lisieux, la Grande-Bretagne et sa blonde MontPython's de 50 cl, la Grèce et sa Mythos blonde à 4°7, l'Île Maurice, l'Inde, l'Islande, l'Italie, le Japon, le Mexique et sa célèbre Corona blonde (5€30), la Norvège, et oui, avec sa noire Levig 3 bean stout de 13° (8€20) les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Russie, la Suède et l'étonnant Togo qui produit sa blonde Flag.

Comme il n'était pas question de toutes les passer en revue, une après-midi n'aurait pas suffi, nous nous sommes limités à en tester 4, en 2 escales. Lors de la première, sur le coup de 17 h 30, nous prenons deux bières belges à la pression. Pour Pascale, la Caulier 28 saison (3€90) qui comporte 3 sortes de houblons et pour moi la Filou (4€10), une bière blonde de caractère de 8°5 créée en 2014 par la Brasserie Van Honsebrouck.

Pour notre seconde visite, vers 20 h 30, Anaïs, la jeune serveuse, après avoir pris connaissance de nos préférences, m'a conseillé une bière ambrée en bouteille de 33 cl, la Dément' Brée (4€80) de la brasserie française De Sutter à Gisors, une très bonne bière, douce, sans trop d'amertume, avec un goût de biscuit et de caramel. Pour mon épouse, c'est la Baltika 9 (7€30), bière en bouteille de la plus importante brasserie de Russie, une blonde qui titre tout de même  et dont le contenant passe à 45 cl, une quantité que Pascale n'avait pas prévue ce qui me donnera l’occasion de la goûter.

Pour conclure, ce bar à bières est une heureuse découverte de l'agglomération rouennaise, d'autant que son personnel est adorable et disponible, et que les prix pratiqués n'ont rien de parisiens, bref une halte rafraîchissante et mousseuse à inscrire d'urgence sur son carnet d'adresses avant la mise en bière ...

 

La Boîte à Bières

Propriétaires : Pascale VIEL-DAVID & Christian DAVID

Service : Anaïs, James, Rachel, Benoît, Nicolas ...

35 rue Cauchoise

76000 ROUEN

Tél. : 02 35 07 76 47

Email :  laboiteabieresrouen@gmail.com

Site web : www.laboiteabieres.fr

Ouvert du lundi au samedi de 17 h 00 à 2 h 00


Gill, le deux étoiles tranquille

Nous aurions dû déjeuner chez Gill le 18 décembre 2008 ! Hélas, les conditions climatiques de ce week-end hivernal, avec des chutes de neige particulièrement abondantes sur la Normandie, en ont décidé autrement, ce qui m'a permis par contre de participer au dernier festin de Bernard Robin. Heureusement, tout vient à point à qui sait sait attendre. Quand j'ai cherché un établissement deux étoiles digne de fêter l'anniversaire de mon épouse, le restaurant Gill* s'est rappelé à mon bon souvenir. Comme il était ouvert de surcroît ouvert le mardi du week-end de la Pentecôte, il correspondait tout à fait à  ce que j'attendais. De plus, à une époque où beaucoup de chefs développent un ego surdimensionné (comme dirait Jacky Dallais, certains cuisiniers ont un moteur plus gros que la carrosserie !), Gilles Tournadre est un cuisinier discret qui ne court pas après la célébrité médiatique tous horizons. D'autre part, sa conception de la cuisine énoncée sur son site : "Dans notre métier, la seule star c’est le produit qu’on aime sublimer. Ma cuisine est une cuisine simple, sans sophistication inutile, juste agrémentée de mariages limpides et subtils", correspondent tout à fait à ma philosophie gastronomique. Enfin, le pedigree de Gilles Tournadre*, devenu cuisiner grâce aux émissions de Raymond Oliver et Catherine Langeais, ne manque pas de sérieuses références : apprentissage à la dure à la Couronne de M. Fouquet, montée en 1974 à Paris chez Albert, où il côtoie Jean-Pierre Vigato devenu son copain, Lucas-Carton en 1976, où il apprend grâce à Michel Comby d'aller manger chez les autres, l'Auberge des Templiers en 1977, le Tailllevent période Claude Deligne en 1978, le Château d'Andrieu en 1981 et bien sûr chez lui à Rouen, en 1984, à seulement 28 ans. Cette même année, il décroche l'étoile Michelin qui doublera en 1990. Bref autant d'atouts qui ont conforté mon diagnostic favorable. Une réservation a donc été conclue pour y déjeuner le 22 mai 2018.

L'établissement se situe sur les bords de la Seine, au pied d'un immeuble des années 50, pas de quoi suscité l'extase, un peu comme l'Amphitryon à Lorient. Après une fermeture du 24 février au 15 mars 2018, la salle propose désormais un nouveau décor. Comme je ne connaissais pas l'ancien, difficile d'émettre un avis à son sujet.

 

* Pourquoi Gilles Tournadre a t'il appelé son restaurant Gill ? Inutile de chercher midi à quatorze heures, il a tout simplement eu l'idée de retirer les deux dernières lettres de son prénom pour en faire un nom !

Pour plus de précisions sur Gilles Tournadre, consulter le Thuriès magazine N°103 d'octobre 1998qui, mis à part la grosse erreur d'une photo de vacances au bord de la mer attribuée à Mer dans le Loir-et-Cher, retrace très bien son parcours.

Gill étant encore en travaux de rénovation lors de ma réservation, son site web ne proposait que la carte d'hiver. J'ai demandé à Sylvie Tournadre de m'adresser la nouvelle dès sa mise en ligne. Après en avoir pris connaissance, j'ai pratiquement visualisé le déroulé de notre futur déjeuner; Pascale pour sa part, n'étant pas au courant de notre destination du 22 mai 2018, a juste lu quelques-uns des intitulés, histoire de concevoir notre repas avec les propositions de la carte.

Quand le sommelier Franck Barbay, présent ici depuis 1998, m'a tendu le programme des festivités, j'ai juste vérifié qu'aucune modification n'avait été apportée. Il nous précise toutefois qu'une des entrées comporte de la truffe blanche. Ça commence mal pour moi quand je veux faire le malin, en disant à mon épouse, "Alba". Je me fais (justement) taclé par Franck Barbay, qui, si j'avais réfléchi 2 secondes, apporte la petite précision qui s'imposait, il s'agit  de "truffe blanche d'été" ! En fait, c'est la fameuse tuber aestivum,  appelée aussi truffe de la Saint-Jean, autrement dit une truffe noire à chair blanche dont il y a 20 ans aucun chef ne voulait entendre parler, et encore moins la mettre à sa carte ! Les temps changent ... grâce à la pseudo magie de certains mots ! 

Histoire de fêter l’événement, nous commençons ces agapes par une coupe de Champagne cuvée "Fleur de Champagne" de la maison Duval-Leroy. Composée d'une majorité de chardonnay, cette cuvée, qui peut s’acheter à la boutique web de DL pour 36 € 26, est vive et fleurie. Pour lui tenir compagnie, trois amuse-bouche : Dôme de petits pois - Bonbon de foie gras à la betteraveTartelette mousse de pois chiche. Les saveurs sont bien marquées, avec une betterave pas trop terreuse, en somme de la belle ouvrage. Pour patienter encore, nous avons droit à une Mousse de tomates et son émulsion de Mozzarella. Le visuel est sans chichi, juste de la simplicité hautement maîtrisée, et comme pour les amuse-bouche, c'est très net et précis gustativement, avec en plus une touche de croustillance des plus agréables de la feuille de basilic frit, très complémentaire au niveau saveur. Mention spéciale à la Tartelette mousse de pois chiche, exceptionnelle.

Pour commencer notre déjeuner, nous avons fait le choix des Quatre entrées "surprise" du ChefElles sont servies pour l’ensemble des convives de la table et sont apportées en 2 épisodes. Le premier envoi de compose d'un Tourteau décortiqué, légumes croquants et espuma à la livèche et d'une Queue de langoustine poêlée, crumble saté et houmous de petits pois, un légume que Gilles Tournadre a l'air d'apprécier. Visuellement, c'est sobre et harmonieux, sans sophistication inutile. Gustativement, c'est vif et épatant, avec une constante culinaire, celle du respect du goût du produit de base, juste soutenu par des ingrédients en harmonie papillaire.

On passe au second envoi, avec une Salade d'asperges blanches, émincé de truffe blanche d'été et mousseline à la truffe, et un Lapereau, légumes croquants, émulsion à la noisette et foie gras de canard confit. Bis repetita placent ! Bien que je ne sois pas un fan de la truffe blanche d'Alba, cette truffe "estivale" apporte une touche noisetée agréable qui relève bien l'asperge. Pour le lapereau, là encore, c'est de la bombe, et cette émulsion à la noisette fait le lien avec l'entrée précédente, illustrant ainsi toute la subtilité de la cuisine de Gilles Tournadre.

Pour le plat principal, Pascale a opté pour le Pigeon à la Rouennaise farci de foie gras en tournedos et ravioli aux herbes. Une petite tuerie cette préparation inspirée du Canard à la presse, dont Gilles Tournadre a du voir l’exécution de nombreuses fois, à l'époque de son apprentissage à la Couronne. Jamais je n'ai mangé un pigeon aussi tendre (quand j'ai demandé sa provenance à Franck Barbay, celui-ci m'a répondu avec malice, "de la cathédrale" !), et ce mode de préparation donne les lettres de noblesse à cet oiseau de la famille des columbidae. Juste pour l'info, les pigeons travaillés par Gilles Tournadre proviennent de l'élevage de Philippe Delaunay à Croisilles dans le Calvados.

Quant à votre serviteur, c'est avec un Filet de turbot, févettes à la sarriette et citron confit, que je poursuis mon repas. Le poisson est cuit à la perfection et son accompagnement légumier est impeccable. Pourtant, dès la première bouchée, le piment d'Espelette vient perturber l'équilibre épicé de ce plat, un peu trop dosé à mon goût. Ce sera la seule petite fausse note de nos agapes.

Je regarde passer devant nous avec envie mais retenue, le chariot de fromages, qui me parait bien pourvu, mais demain est prévu un Canard à la rouennaise à La Couronne.

Nous passons donc directement aux Quatre desserts "surprise" du chef pâtissier, Clément Rouille, eux aussi servis pour l’ensemble des convives de la table. Ils nous sont apportés en une fois. Le premier à goûter, selon les conseils du serveur, est le Millefeuille minute à la vanille Bourbon, un dessert que j'avais découvert le 23 mai 2002 à La Villa avec à ses commandes JL Tartarin. J'avais particulièrement été marqué par la légèreté et la croustillance de son feuilletage; par contre, en février 2010, la dégustation a été moins concluante dans son restaurant éponyme. Avec celui de Gill de ce 22 mai 2018, je retrouve les mêmes sensations et la même félicité. Se succèdent ensuite des Framboises marinées et sorbet basilic, un Aspic de fraises et sorbet aux fruits rouges et une Mousse chocolat, trois desserts parfaitement réussis. Les mignardises, Tartelette basilic/fraise, Tuile aux amandes et pistache, Tartelette praline rose et Financier au sésame , prolongent Pour finir, parmi les quatre sucreries finales qui me sont proposées, Nougat, Pâte de fruits aux pommes, Truffe au chocolat et Caramel au beurre salé, je choisis la troisième, histoire de préparer mon palais au café expresso qui suit, excellent au demeurant, et qui me réconcilie avec ce type de préparation, étant habitué depuis des années au café "Bodum".

La cave dispose de 400 références sur lesquelles veillent amoureusement Franck Barbay. Parmi elles, il y a bien sûr les vins de Lucien Crochet, le père de Sylvie Tournadre. Ils ne feront pas partie, dommage pour la découverte, des vins sélectionnés par Franck Barbay. En effet, sur les entrées, il nous sert un très original VDF chenin 2016 de François Chidaine, un talentueux vigneron de Montlouis-sur-Loire, qui a connu de sérieuses difficultés climatiques sur son vignoble ces dernières années, notamment avec le gel du 27 avril 2016 qui a détruit 90 % de la récolte. Ce chenin ne vient pas de la Loire mais de Limoux, grâce à l'aide de Marie et Pierre Fort du Domaine de Mouscaillo, d'où son qualificatif de "chenin d'ailleurs". Avec sa minéralité et sa vivacité, il s'adapte tout à fait à l'éventail gustatif de nos 4 entrées. Pour le Pigeon de mon épouse, c'est un Côtes du Roussillon Village les Aspres 2016. Issu de Syrah, Grenache et Mourvèdre, ce rouge se révèle en totale harmonie avec le pigeon. Pourtant, on pouvait redouté le pire avec ses 15°5, pour lesquels on peut appliquer le commentaire d'Eric Bernardin sur le site de Vins étonnants concernant le millésime 2015, "16 % Alc vol que l'on ne sent pas ...". Pour mon Turbot, j'ai droit à un Mâcon Milly-Lamartine blanc 2016 de Dominique Lafon. Je n'avais pas goûté ce vin depuis janvier 2002, à l'occasion d'une visite de ce domaine. J'ai retrouvé dans ce 2016, toute son élégance et sa finesse, avec une texture soyeuse et au final un bel équilibre, de quoi finaliser une agréable complicité avec mon poisson.

Au final, Gill tient les promesses qu'on attend d'un deux étoiles. Et si certains pourraient reprocher à la cuisine de Gilles Tournadre et son équipe un manque de modernité, d’esbroufe, je me dis, après ce déjeuner, que la tradition a du bon surtout quand elle est interprétée comme ça ! 

Enfin, je voudrais terminer ce commentaire sur un petit détail qui présente, au moins pour moi, une grande importance. Gill propose en effet à sa clientèle des sanitaires dames et hommes séparés totalement adaptés à la capacité d'accueil de son restaurant, avec d'un côté, deux WC dames et de l'autre un WC hommes et 2 urinoirs. Beaucoup de restaurants devraient pourtant s'inspirer de cet élément de confort fixé par un arrêté de 1999. Hélas, en supprimant le "classement tourisme" des restaurants en 5 catégories (1, 2, 3, 4 et 4 étoiles luxe), ce texte a perdu de son intérêt (un WC homme et un WC dame, et un lavabo avec eau chaude et froide par tranche de 50 personnes susceptibles d'être accueillies). Au final, cette abrogation a conduit beaucoup d'établissements, même étoilé, à ne proposer désormais qu'un seul WC et donc commun aux deux sexes. Je n'en dis pas plus au niveau propreté des lieux ... Si les cuisiniers et les hôteliers le fréquentaient un plus souvent au moment du départ de leur clientèle, ou après, ils comprendraient peut-être tout l'intérêt à proposer des installations suffisantes et confortables dans ce domaine.

Gill

Sylvie & Gilles TOURNADRE

Sommelier : Franck BARBAY - Chef pâtissier : Clément ROUILLE

8-9 quai de la Bourse

76000 ROUEN

Tél. : 02 35 71 16 14

Email : gill@gill.fr

Site web : www.gill.fr

Fermé dimanche et lundi


Comment faire une "Tropézienne" avec Cédric Noël

Bénéficiaire d'un cours de cuisine à l'Art des Mets, un cadeau de Noël de ma fille, et en tant que grand amateur de Tropézienne, je n'ai pas hésité une seconde quand j'ai vu et lu sur le site des Hauts de Loire que le cours de pâtisserie organisé le 29 avril 2018 inscrivait à son programme la réalisation de cet emblématique gâteau, je me suis inscrit pour en apprendre secrets et technique !

Je n'ai pas fait de vidéo du déroulé de cette recette. Par contre, dans la rubrique Recettes faciles ou presque, sa marche à suivre y est détaillée. Histoire d'agrémenter sa conception, vous retrouverez ci-dessous quelques photos prises tout au long de ce cours d'une durée de 3 heures

L'Art des Mets

Rémy GIRAUD & Cédric NOËL

79 rue Gabriel Navard

41150 ONZAIN

Tél. : 02 54 20 72 57

Email : reservation@domainehautsdeloire.com

Site web : http://domainehautsloire.com


Retour au BarJu

Vendra, vendra pas ? Le BarJu de Barbara & Julien Perrodin devrait changer de mains dans les semaines à venir ... si tout se passe comme convenu, ce qui n'est pas évident. En effet, ce couple de professionnels a prévu de se poser à Alençon dans le courant du mois d'août et y ouvrir leur nouveau restaurant en octobre dans ce qui est pour l'instant une maison bourgeoise ... mais pour cela, il leur faut d'abord se séparer du BarJu.

C'est après que cette information me soit parvenue que j'ai pris l'initiative de réserver un douzième repas, peut-être dernier, pour le déjeuner du 17 avril 2018.

Pour présenter ses propositions culinaires, le BarJu utilise l'ardoise. Parmi celles inscrites à la carte (9 entrées, 10 plats et desserts non affichés)Julien nous a offert en prélude, des Beignets de crevettes, sauce aigre doux à la pâte légère et croustillante, enrobant un exquis "décapode nageur". J'ai embrayé avec des Lisettes de Bretagne marinées aux agrumes. Extrême fraîcheur du poisson, qualité de sa présentation, maîtrise de son assaisonnement, cette entrée a juste ce qu'il faut de peps et se savoure sans retenue. Mon épouse n'est pas en reste avec un remarquable Tartare de daurade et citron vert, vivifiant et goûtu. Franchement, ces deux entrées ne dépareraient pas sur la table d'un étoilé.

On passe au plat principal, avec pour moi le poisson du jour, une belle Barbue. Le poisson est marqué légèrement au grill et sa chair présente une fermeté qui est un gage de fraicheur. L'accord légumier fait honneur à des asperges vertes et des culs d'artichaut. Bref, l'ensemble est délicieux avec en plus un beurre blanc à tomber servi en saucière. Pour Pascale, ce sera une Solette dorée, dont j'ai oublié de noter la suite de l'intitulé. Le poisson, comme le précédent et ceux servis au BarJu est de première qualité, sa chair est ferme, les petites pommes de terre rissolées sont fondantes et la sauce qui recouvre le poisson est une petite merveille.

Les desserts ne sont pas apparemment le cheval de bataille de Julien Perrodin. Ils sont certes bons, comme en témoigne cette Mousse au chocolat et ce Pot de fraises de Plougastel et son crumble (intitulé SGDG !), mais ce n'est pas au niveau qualitatif de ce qui précède. Par contre, ils ne sont facturés que 7 € 00 alors que pas mal de confrères dépassent largement ce tarif. Avec un pichet de 50 cl de Touraine sauvignon 2017, nous avons déboursé 118 € 00, ce qui situe la prestation fournie dans une fourchette tarifaire plutôt haute, mais quand on aime ...

Ça y est, c'est enfin conclu ! Le BarJu, version Barbara & Julien Perrodin, termine sa carrière fin décembre 2018. Ensuite, ce couple va rebondir ailleurs ...

Le BarJu

Barbara & Julien PERRODIN

15 rue du Change

37000 TOURS

Tél. : 02 47 64 91 12

Site web : www.barju.fr


Le Bistrot des Hauts de Loire est ouvert

Quand au début de cette année, Rémy Giraud  m'a informé que Les Hauts de Loire allaient ouvrir un "Bistrot", j'ai fait le nécessaire pour connaître la date de son ouverture. Celle-ci tombant le vendredi soir 6 avril 2018, et préférant déjeuner plutôt que dîner, notre visite gourmande a donc été remise au lendemain midi.

Ce Bistrot se trouve dans un bâtiment non loin de ce qui constitue l'entité du restaurant des Hauts de Loire, Il est installé dans une dépendance qui servait autrefois à du stockage divers. Le nouveau cadre joue sur une note rustique chic, avec un décor à dominante "boisée". Pour lui donner un cachet suranné, des meubles "chinés" ça et là sont disposés dans la salle comme cette commode "Nestlé" qui trône près de l'entrée. Bref, le cadre est adapté pour accueillir une clientèle soucieuse d'un peu moins d'apparat mais qui souhaite se restaurer d'une cuisine "bistrotière" attractive et bien tournée. A priori, au travers de notre expérience de ce 17 avril 2018, l'objectif est atteint !

Première surprise, Franck Bernard, le sommelier attitré des Hauts de Loire assure l'accueil, vêtu d'un stylé tablier de cuir (Cf. diaporama ci-dessous).

La carte qu'il nous soumet est relativement simple au niveau de ses propositions.  Par contre, elle est plutôt complexe pour comprendre le programme des réjouissances proposées. Mais c'est vrai qu'il fallait que je me concentre pour la lire et qu'en même temps je découvre les lieux.

Plutôt que de faire simple en choisissant soit la formule menu-carte en 3 services à 32 € 00 ou la formule broche (avec un plat différent chaque jour) à 34 € avec entrée ou dessert, nous avons préféré, pour cette première expérience, prendre une formule broche améliorée, c'est à dire avec entrée et dessert

Histoire de se mettre en appétit, nous prenons une coupe de Vouvray pétillant. Elle nous est servie avec des gougères, bonnes et légères. Pour compléter cette escorte apéritive, Rémy Giraud nous offre une assiette de charcuterie. On y trouve pèle-mêle du jambon sec, des rillons, du boudin, des rillettes et de l'andouillette. C'est bon et rien qu'avec ce genre d'assiette, on est dans l’esprit bistrot.

Quand dans les entrées j'ai lu Soupe de poissons de Loire, croûtons et aïoli vert, j'ai tout de suite tilté, et j'ai bien fait. Mon épouse a eu la même réaction. Ablettes, gardons et autres menus et gros fretins complètent la composition, qui varie suivant les pêches en Loire, de cette soupe originale et exquise. Je pense qu'elle deviendra l'une des entrées phare du Bistrot. Mon fils Romain a préféré s'en remettre aux 12 escargots, beurre d’aromates et noisettes grillées (supplément de 3 € 00). Rémy Giraud n'est pas peu fier de cette création, et il a raison. Il est dommage qu'il faille s'acquitter d'un supplément de 3 € 00 pour en bénéficier. Un service de 10 escargots aurait peut-être été le bienvenu, mais c'est vrai que le poêlon aurait eu deux places de libres ... à combler donc.

Pour le plat de résistance, j'avais remarqué que le vendredi la "broche du jour" proposait une Saucisse de carpe fumée, écrevisses et sauce au côt. J'ai donc tenté ma chance auprès de Rémy Giraud en lui demandant si, par hasard, il ne lui en resterait pas une. C'était le cas. Elle a terminé dans mon assiette sans aucun problème. Là encore, cette préparation est originale et fabuleuse. Il fallait oser, et Rémy l'a fait, et même très bien fait. Ce plat est une totale réussite et devrait lui aussi s'inscrire dans l'ADN gustatif de ce bistrot. Pour Rémy Giraud, qui dit bistrot dit frites et qui dit frites, dit cuisson à la graisse de bœuf ! C'est ainsi que j'ai découvert les frites au Blanc de bœuf. Seul bémol, les frites servies manquaient de croustillant, la faute certainement à un défaut de maîtrise de la seconde cuisson. Çà devrait être réglé désormais.

Mon épouse et mon fils ont fait le choix commun du Croustillant de souris d’agneau, haricots "Comtesse de Chambord" et curry. La viande est très tendre, l'accompagnement légumier parfait, et ce plat répond aux attentes suggérées par son intitulé.

Pour le dessert, je n'avais pratiquement pas le choix, car Cédric Noël m'avait vanté en arrivant l'excellence de son Médicis au sucre d’Antan. Je me devais donc de l'explorer et bien m'en a pris. J'appréhendais un peu de par l'aspect de sa texture un côté un peu bourre-bourre. Et bien non, bien au contraire. C'était léger, aérien et succulent. J'en aurais bien repris une part ...  Mon fils a fait le même choix et en a tiré la même conclusion. Quant à mon épouse, elle a préféré le Riz au lait sous une crème brûlée, un dessert tout à fait bistrotier et à la hauteur de son attente. Bref une prestation globale au niveau du Bib gourmand !

Côté carte des vins, je suis moins enthousiaste au niveau des tarifs pratiqués. Dans ce type de restauration, on devrait trouver des bouteilles à moins de 20 € 00 et ce n'est pas le cas. Serait-ce l'effet Hauts de Loire ? Le premier prix est à 26 € 00 et à ce tarif, c'est un Côtes du Rhône Villages blanc. Et je ne parle pas du vin au verre qui fait passer par exemple cette bouteille à 42 € 00 et celle du Touraine Chenonceaux rouge de 41 € 00 à 70 € 00 !!!  Il y a quand même, que ce soit dans le département ou ceux à côté, des vins locaux qui devraient permettre d'avoir un niveau de prix plus abordable. Si je prends par exemple le Noble-Joué des frères Rousseau, on le trouve à l'achat à moins de 5 € 00 hors taxes !  Et en ce qui concerne les appellations citées, il y a pas mal de progrès à faire pour respecter la réglementation ! Quid Château Puech, Bordeaux de Maucaillou, Sauvignon de Fontenay, Lascaux du Languedoc ... par exemple. Comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, il ne faudra pas que les professionnels de la restauration s'étonnent un jour que leur clientèle ne prenne qu'un verre de vin, voir une simple carafe de château La Pompe !

Bistrot (des Hauts de Loire)

79 rue Gabriel Navard

Supervisé par Rémy GIRAUD

Tél. : 02 54 20 76 44

Email : hauts-loire@relaischateaux.com

Site web : www.domainehautsdeloire.com

Ouvert tous les jours sauf le jeudi soir


Chicken's house
Maison Poulet

Cette photo rend hommage à mes parents et grands-parents, dont la triple activité commerciale de

"coiffeur-bar-restaurant" constituait, à l'époque, un univers de convivialité inégalable et jamais égalé !

Ma Newsletter